18.01.2017

Economie : les aveux d’un échec ou d’une mise à l’écart ?

Depuis des années, voire depuis plus d’une décennie maintenant, le développement économique de la partie française est conditionné par l’aménagement de la baie de Marigot selon les élus. Quels qu’ils soient. Wendel Cocks, actuel troisième vice-président en charge du pôle économique, n’a eu de cesse de le répéter depuis 2012.

Lui et la majorité à laquelle il appartient, ont repris le dossier et l’ont fait avancer en lançant un appel à maîtrise d’ouvrage (AMO) en février 2014. «Un pas décisif de notre Collectivité, puisqu’il confirme le passage à la phase opérationnelle de ce grand projet structurant pour Saint-Martin. C’est la première fois depuis que ce projet de développement de la baie de Marigot avait été initié en 1997 par l’ancienne commune, qu’une mandature passe le stade des études de projet», avait alors commenté la COM.

«PEU D’ÉCHOS»

Deux ans plus tard, les élus se félicitent de nouveau du lancement de la procédure de l’avis à concession. Ils se disent confiants. Selon Guillaume Arnell, les investisseurs intéressés par le projet sont nombreux. Ils y croient. Ils ont besoin d’y croire. Jusqu’au bout. Ils prolongent de deux mois la date limite pour déposer les candidatures, en l’occurrence jusqu’à fin décembre 2016. Mais au final, les investisseurs ne se sont pas bousculés au portillon. Des rumeurs disent que seuls deux dossiers ont été déposés. D’autres sources disent zéro.

Quoi qu’il en soit le manque d’intérêt à ce projet est confirmé par Wendel Cocks lors de la cérémonie des vœux du Conseil territorial le 13 janvier dernier. «Comme on le sait, l’aménagement de la baie de Marigot semble trouver peu d’échos auprès des professionnels de ce genre de programmes», lâche-t-il.

La majorité actuelle n’a donc pas convaincu. Elle, qui voulait pourtant montrer qu’elle allait enfin concrétiser ce projet initié par ses prédécesseurs mais qu’aucun n’avait été dans la capacité de mettre en place. Elle n’a pas fait mieux. C’est un échec. Reste désormais à trouver une porte de sortie en justifiant le peu d’attractivité.

«ŒUVRE COLLECTIVE »

Wendel Cocks semble toutefois prendre ses distances. En effet, il déclare lors de la cérémonie des vœux qu’il n’a «jamais été sollicité dans la phase de conception et de réflexion du projet». Autrement dit il n’a pas pu apporter sa pierre à l’édifice. Or, «les plus beaux édifices reposent sur des fondations solides», dit-il. Et c’est «par solidarité» avec ses collègues, qu’il a soutenu le projet. «La solidarité, l’œuvre collective font partie de mon éthique personnelle et tant que je suis engagé, je ne nie pas mes frères d’armes», lâche-t-il.

Cela ne l’empêche pas de tirer des leçons. Et d’afficher sa propre vision de l’aménagement du front de mer : «J’ai la conviction désormais que notre plus belle baie mérite un développement plus modeste, respectueux de l’environnement, adapté aux attentes des Saint-Martinois et soutenable par notre économie et notre environnement». Bref de suivre une grande partie de l’opinion publique, à savoir celle favorable à ce chantier mais à une échelle plus petite.

Par ailleurs, Wendel Cocks laisse supposer sa mise à l’écart des décisions sur un autre dossier, celui de la redynamisation de Marigot, autre priorité phare que la majorité s’était donnée. «Je souhaite que dans l’avenir le plan de redynamisation de Marigot qui est resté sans suite malgré les recommandations de mon pôle, avance aussi !», confie celui qui avait «appelé de [ses] vœux que la priorité soit donnée au développement économique». Mais «certaines de [ses] positions n’ont pas toujours été comprises», déplore-t-il.

(Photo d'archive).

 

 

 

 

 

 

Estelle Gasnet