15.10.2024

À Saint-Martin, le tourisme retrouve son dynamisme alors que le secteur du BTP ralentit

Ce mardi 15 octobre, l’IEDOM, l’Institut d’Émission des Départements d’Outre-Mer, présentait le rapport annuel économique de 2023 à Saint-Martin.

« Le contexte général était celui de l’ouragan Irma de 2017 et de la pandémie du Covid-19 en 2020 et 2021 » rappelle Damion Gordon, responsable au service des études et établissements de crédit de Saint-Barthélemy, de Saint-Martin et de Guadeloupe. « Après ces périodes compliquées, on constate un redécollage de l’économie sur l’année 2022, qui se poursuit en 2023 ». Un redressement qui se confirme avec la forte reprise de la fréquentation touristique, moteur principal de la croissance de l’île, avec +38,5% sur un an. Si l’offre d’hébergement locatif a progressé de 15%, elle reste cependant inférieure à celle du côté hollandais dont la proposition est 3 à 4 fois plus dense que celle de la partie française. De la même façon, ses infrastructures portuaires et aéroportuaires lui permettent de capter 94% des touristes arrivant sur l’île.

En ce qui concerne le BTP qui fait, avec le tourisme, partie des secteurs clefs de l’économie saint-martinoise, ses chiffres tendent vers le négatif. En un an seulement, on constate une diminution de -20% des ventes de ciment ainsi qu’un nombre de salariés en baisse de 1,3%. « Cela fait tout de suite peur mais rappelons-nous que nous sortons d’Irma dont les ravages avaient créé un réel dynamisme avec de nombreuses reconstructions. On commence à ressentir les effets de cette fin de période ». Les deux nationalités de l’île justifient aussi cette baisse avec un déport de la consommation vers la partie hollandaise. Cependant malgré ces ralentissements, il est important de noter que les chantiers publics de Saint-Martin comme la nouvelle cité administrative ou le Collège 600 stimulent l’activité.

Pour les transports, « le trafic maritime vers les îles voisines Saint-Barthélemy et Anguille a progressé de 49,2% » expose Damion Gordon. Outre le tourisme, ces chiffres s’expliquent par la difficulté de se loger sur Saint-Barthélemy ce qui amène les travailleurs à faire la traversée quotidiennement. Concernant les croisières, le côté hollandais est à nouveau largement majoritaire. « On le constate économiquement mais ça ne veut pas dire que les touristes arrivés au-delà de la frontière ne viennent pas côté français ». Sur ce point-là, François Groh, fraîchement arrivé au poste de directeur de l’IEDOM, se veut rassurant :

« Nous allons vers une convention d’échange d’informations avec Sint-Maarten. Notre objectif est d’avoir une vision plus claire de l’économie de l’île. C’est naturel de vivre ensemble et nos économies ne sont pas indépendantes, au contraire, elles sont très imbriquées ».

Au niveau du marché de l’emploi, le chômage atteint les 30% de la population active. Un chiffre plus élevé que dans les autres départements français. Cependant, on constate parallèlement une diminution de 9,33 du nombre de demandeurs par rapport à 2022 et une augmentation du nombre de salariés.

Enfin, côté activité bancaire, deux phénomènes, avec d’un côté 617,7 millions d’euros d’encours de crédits (+15% en un an) et de l’autre, 564,8 millions d’euros d’actifs financiers (+0,3% en un an). « En 2023, on est dans une politique monétaire assez resserrée pour maîtriser et réduire l’inflation. Cela impliquait, et ça s’est vu au niveau des actifs financiers, que les ménages les moins aisés, comme certaines entreprises, ont puisé davantage dans leur compte bancaire, ce qui crée un ralentissement sur les dépôts ». Cependant, il est important de mettre l'accent sur les +38% de crédits d’investissements. « Cela signifie que les entreprises ont investi plus fortement en 2023. L’investissement d’une entreprise, ce sont les emplois de demain » conclut positivement François Groh.

Cyrile POCREAU