04.12.2023

Ramener l'inflation vers un objectif de "2%" d'ici 2025

Olivier Garnier, directeur général de la Banque de France et superviseur des statistiques, des études économiques et monétaires et des relations internationales était de passage pour la première fois à Saint-Martin vendredi dernier. 

À cette occasion, une conférence sur la situation économique internationale et les conséquences du dérèglement climatique sur l’économie a eu lieu au lycée professionnel Daniel Jeffry. Co-organisée par le mouvement des entreprises (Medef) de Saint-Martin et l’institut d'émission des départements d’outre-mer (Iedom), celle-ci s’est déroulée devant une centaine de participants de tous secteurs, chefs d’entreprises, banquiers, assureurs, agents des services de l’État et de la Collectivité, mais aussi enseignants en économie et élèves de terminale préparant les concours d’entrée à Sciences Po.

Après les discours d’introduction de Vincent Berton, préfet délégué des îles du nord, Martine Beldor conseillère territoriale et représentante du président de la Collectivité,  Michel Vogel, représentant du Medef et Thierry Beltrand, représentant de l’Iedom, Olivier Garnier, « chef économiste » de la Banque de France a exposé sa vision sur l’inflation, la croissance, l’emploi en Zone euro et dans le monde. 

«Du point de vue de la politique monétaire, la préoccupation numéro un des Français est le pouvoir d’achat, l’inflation», débute Olivier Garnier dans son propos. Il a ainsi rappelé que le mandat unique de la Banque Centrale Européenne (BCE) est d’assurer la stabilité des prix et de ramener l’inflation vers un objectif autour de 2 %, d’ici 2025. 

Les premiers résultats de la politique de relèvement des taux d’intérêt sont d’ailleurs visibles puisque l’inflation en zone euro commence à refluer. Elle était de 2,3 % fin novembre 2023, son plus bas niveau depuis juillet 2021. En France, l’inflation est un peu plus élevée que la moyenne européenne, elle est de l’ordre de 3,4 %, mais elle recule également.

Pour l’avenir, si Olivier Garnier a pronostiqué que l’inflation tournerait autour de 2 % en moyenne, celle-ci connaîtrait sans doute une forte volatilité, en lien avec les «polycrises», c’est-à-dire crises géopolitiques, sanitaires, climatiques, économiques, etc., qui caractérisent la période actuelle.

Répondant à une question sur la supposée «fin de la mondialisation», le chef économiste de la Banque de France a indiqué qu’en dépit de la rupture dans le commerce mondial observée pendant la crise Covid, il serait «abusif» de parler aujourd’hui de «démondialisation» mais plutôt de «fragmentation». Par conséquent, la tendance actuelle des pays est de commercer avec ses «amis» plutôt que ses «ennemis», conduisant à une reconfiguration des échanges entre les pays.

Par ailleurs, selon le directeur général des études de la Banque de France, les États-Unis avaient rattrapé plus vite leur niveau de croissance d’avant crise Covid, que la zone Euro entre fin 2021 et début 2022. Cela est dû au redémarrage de la consommation des ménages aux États-Unis. En effet, ils ont puisé dans leur surplus d’épargne constitué pendant la crise sanitaire alors que  les Européens, et précisément les Français ont continué d’épargner, freinant ainsi leurs dépenses et donc la relance de l’économie.

Enfin, au terme de plus de 2 heures d’échanges avec les socio-professionnels, Olivier Garnier a expliqué pourquoi les banques centrales et en premier lieu la Banque de France, s’intéressaient au climat. En effet, «le changement climatique à un impact sur la stabilité des prix, la croissance et l’inflation», déclare-t-il. Pour ces raisons, «il est essentiel pour les banques centrales de prendre en compte l’incidence du risque climatique sur la politique monétaire et sur leurs activités», poursuit-il. À tel point que la Banque de France et donc l’Iedom pour Saint-Martin est en train de bâtir un « indice climatique » qui s’ajoutera bientôt à la cotation financière de chaque entreprise.

Siya TOURE