11.10.2023

L'économie saint-martinoise a connu une belle reprise en 2022

Comme chaque année à cette période, l’Institut d’émission des départements d’outre-mer IEDOM, filiale de la Banque de France vient de publier son rapport annuel économique 2022 sur Saint-Martin.

À cette occasion, Thierry Beltrand, directeur de l’Iedom et Damion Gordon, responsable des études ont dressé un bilan de l’activité économique et financière de Saint-Martin sur l’année 2022 et sur les six premiers mois de 2023, lors d’une conférence à la CCISM mardi. 

Après deux crises successives qu’a subies Saint-Martin en 2017 (Irma) et 2020-2021 (Covid-19), «l’économie saint-martinoise a connu une belle reprise en 2022, qui s’est confirmée sur le premier semestre de 2023», estime le directeur de l’Iedom. Par exemple, l’île a accueilli en 2022, dans son ensemble, plus de 1,3 million de visiteurs (+145 % sur un an) dont près de 500 000 passagers aériens dont 100 000 à Grand Case et près de 400 000 à Juliana et presque 850 000 croisiéristes (en quasi-totalité en partie néerlandaise).

Pour autant, malgré ces bons résultats cela ne permet pas de retrouver les niveaux de fréquentation touristique d’avant Irma. Pour rappel, l’île avait accueilli plus de 2 millions de croisiéristes en 2014 et près de 650 000 passagers aériens en 2016. Cette situation est principalement due aux retards dans la reconstruction de l’aéroport international de Juliana, alors que l’aéroport de Grand Case s’est montré beaucoup plus «résilient». De la même manière, la croisière au plan mondial commence tout juste à se «débarrasser de l’image sinistre des captifs à bord des navires qui avaient circulé pendant la crise sanitaire», explique Thierry Beltrand. 

L'Iedom a souligné que les deux parties de l’île devaient s’appuyer chacune sur leurs atouts, par exemple  sur l’authenticité, la gastronomie ou encore le shopping du côté français, tout en jouant de leur complémentarité. En effet, une coopération entre les deux îles est nécessaire, convient Thierry Beltrand. 

Selon le directeur de l'institut, après une période très dynamique liée à la reconstruction post-Irma, le secteur du bâtiment et travaux publics (BTP) a connu «un essoufflement de son activité». Mais celle-ci s’est toutefois redressée en 2022, portée par la construction immobilière et la commande publique. En témoigne la progression de 10% des effectifs du secteur.

Par ailleurs, la « banque des banques »* a souligné le dynamisme de l’activité bancaire, puisque pour la première fois à Saint-Martin, les encours de crédits ont dépassé les actifs financiers collectés dans les banques locales. Ainsi les crédits ont augmenté de 18% en 2022 (+4% seulement en Guadeloupe), cela inclut +23% pour les ménages et +17% pour les entreprises. « C’est la preuve que les acteurs économiques investissent dans l’économie locale et que les banques les accompagnent », admet le directeur de l’Iedom. 

Enfin, l’Iedom a dressé une liste des atouts de la partie française de l’île notamment la jeunesse de sa population, ses attraits touristiques, son dynamisme entrepreneurial, le renforcement de la présence de l’Etat ou encore la structuration de la Collectivité, dont les finances ont été qualifiées de « saines ». 

De plus, le territoire fait face aux défis et enjeux qui l’attendent comme le chômage et le désœuvrement des jeunes, l’offre hôtelière qui reste encore insuffisante, les stigmates d’Irma encore visibles, les besoins d’infrastructures ou encore l’explosion des prix de l’immobilier dans certains secteurs de l’île qui deviennent inaccessibles pour une partie de la population locale.

Le rapport annuel 2022 de l’IEDOM sur Saint-Martin est disponible en téléchargement gratuit sur le site de l'Iedom.  

*banque centrale 

Siya TOURE