14.09.2023

La cité éducative permet d'ouvrir le champ des possibles

Le 24 février 2022, les ministres de l'Éducation Nationale, de la Jeunesse, des Sports et de la Ville, ont labellisé la « Cité éducative » (CE) de Saint-Martin jusqu’en 2027.  Son périmètre principal est le Quartier Politique de la Ville de Sandy-Ground. 

Le label d’excellence «cité éducative» est d’abord la reconnaissance de l’ambition éducative du territoire. Il récompense un travail collaboratif entre services de l’Éducation nationale, de la Collectivité de Saint-Martin et de la préfecture ainsi que les associations locales pour élaborer un dossier très complet afin de répondre à l’appel à projets de l’Agence nationale de la cohésion des territoires.

George Richardson, président de l’association Sandy Ground On The Move a clamé haut et fort que le temps était venu de se regrouper et de faire de grandes choses ensemble en faveur de la réussite des jeunes de Sandy Ground.

La cité éducative « est un véritable engagement en faveur de la jeunesse de l’éducation et de l’avenir de notre société. Elle incarne que l’éducation est une responsabilité partagée, pour garantir un avenir meilleur pour nos jeunes. Ainsi, nous devons travailler ensemble en mobilisant toutes les ressources disponibles. C’est un concept puissant qui vise à briser les barrières et créer un environnement propice à l’apprentissage où chaque enfant à la possibilité de s’épanouir », déclare Kathy Africa, cheffe de projet de la cité éducative lors de l’inauguration de la CE en présence des officiels et des associations, plus d’un an après la labellisation.

En effet, le dispositif entame sa deuxième année scolaire, en 2022, 35 actions ont été réalisées sur 44 pour un coût de 208 723€. Les 9 actions restantes seront reconduites cette année. Pour 2023/2024, 38 demandes de financement dont 31 ont eu un avis  favorable en passant de l’art à la culture, du sport à la santé, de l’orientation à la formation, des projets sociaux-éducatifs etc.

Pour rappel, « la CE n’est pas un bâtiment », insiste Kathy Africa, mais « un réseau de collaboration entre différents partenaires comme les associations ou encore l’école Aline Hanson », ajoute-t-elle.

La cité éducative a permis de renforcer les actions des écoles Jérôme Beauperre et Aline Hanson. « Les élèves de tous les niveaux ont pu bénéficier de nouvelles activités telles que la visite de la ferme de Cul de Sac, la découverte des cétacés, un grand projet autour de l’abolition de l’esclavage, la prévention de l’obésité, développer le goût de la lecture, découverte de la voile avec les enfants d’Ulis et bien d’autres », cite la directrice de l’école Aline Hanson. « La CE a aussi permis une grande collaboration avec les associations car sans elles nous n’aurions pas pu mener à bien tous ces projets, reconnaît-elle.

En cette nouvelle année scolaire,  de nouveaux projets sont déjà dans la boucle, telle que la découverte du monde marin, des ateliers cuisine afin de développer le patrimoine culinaire de Saint-Martin, un projet jardin, la mémoire de l’esclavage auxquels sont ajoutés aussi les projets des associations et le volet social avec les fonds sociaux qui ont permis d’aider les parents en difficulté notamment pour les achats des uniformes, matériels scolaires, chaussures etc.

Selon Harry Christophe, vice-recteur des îles du nord, ce dispositif est un levier important pour travailler sur l’égalité des chances afin que les jeunes puissent aussi prétendre à des avenirs beaucoup plus radieux. « L’idée de ce projet est d’ouvrir le champ des possibles », affirme-t-il.

D’après Vincent Berton, préfet des îles du nord, Sandy Ground est souvent entendu comme un quartier « oublié », « délaissé », « méprisé ». Pourtant, « la réalité est tout autre », déclare-t-il.  « Probablement que nous ne communiquons pas assez sur les actions menées à Sandy Ground car nous y mettons les moyens, la preuve en est avec la cité éducative qui permet aux enfants pour ceux qui le souhaitent de pouvoir faire de la danse, du piano, du théâtre, du surf, de la musique et bien d’autres », poursuit-il.

C’est pourquoi, « la cité éducative va sans doute changer le cours de l’histoire d’un certain nombre de jeunes de Sandy Ground », exprime Dominique Louisy, vice présidente de la collectivité. En tant qu’ancienne enseignante, celle-ci admet qu’il est important de sortir les enfants de leurs classes pour leur permettre de voir autre chose que ce qu’il les entoure quotidiennement.

« Les gens ont souvent tendance à mettre des étiquettes aux uns et aux autres, et dans mon parcours d’enseignante j’ai eu des enfants de Sandy Ground à Quartier d’Orléans et la seule chose que j’ai retenue c’est qu’il y avait des jeunes volontaires et ils méritent tout notre respect », soutient la vice-présidente. « Apprendre dans les conditions dans lesquelles ces élèves apprennent avec cette problématique de la langue notamment, la cité éducative est le moyen de raccrocher tous ces enfants au wagon, car on ne doit laisser personne sur le bord du chemin », convient-elle.

Depuis la labellisation de la cité éducative, l’État a financé 1 million d’euros sur trois ans, la Collectivité participe également à cette enveloppe financière. 2 000 enfants ont pu bénéficier du réseau depuis. Kathy Africa souhaite se challenger cette année en touchant les 16-25 ans avec l’appui de pôle emploi, de la mission locale et de la CAF.

Jocelène Théophile a témoigné de son expérience au sein de la cité éducative lorsqu’elle était au collège Mont des Accords, (elle est actuellement en seconde). « Nous avons pu faire de la natation et j’ai été coach assistante. Ça m’a beaucoup plus et j’ai beaucoup aimé travailler avec les enfants de Sandy Ground, ils ont beaucoup de potentiels », admet-elle. « Ils demandent beaucoup d’énergie mais il suffit de leur apporter les supports dont ils ont besoin », poursuit-elle. « Nous vivons sur une île entourés d’eau et il est primordial de savoir nager car nous pouvons être confrontés à des catastrophe naturelles », souligne Jocelène Théophile. 

Siya TOURE