04.07.2023

Harry Christophe, vice-recteur, revient sur sa première année

Le 8 juillet marquera officiellement les vacances scolaires de l’année 2022-2023. L’occasion pour Harry Christophe de dresser son premier bilan en tant que vice-recteur.

Harry Christophe a pris ses fonctions en septembre 2022 où il a trouvé sur place une équipe de collaborateurs bien implantés. Il est arrivé en même temps que la nouvelle responsable du pôle administratif général de l’Éducation Nationale (EN), Mariette Dino. «Nous avons découvert en même temps le service, pour ma part pas le territoire, car j’avais travaillé à Saint-Martin pour plusieurs raisons dans le cadre de l’Éducation Nationale il y a longtemps et j’avais déjà identifié un certain nombre de choses», déclare-t-il.

Conseil pédagogique

L’une des premières décisions que le vice-recteur a prises, a été la mise en place d'un conseil pédagogique territorial. Le conseil pédagogique est une instance de concertation qui permet la coordination des enseignements et des activités scolaires comme par exemple les dispositifs d'aide, la notation et l'évaluation, les expérimentations, etc.

La problématique de l’absentéisme

A son arrivée, Harry Christophe a constaté un certain nombre de difficultés scolaires et éducatives qui ont orienté ses actions, l’absentéisme étant l’une des principales problématiques. «Un très gros révélateur», selon le vice-recteur, des problématiques sociales et des problèmes de structuration de la famille. Après cinq mois de scolarité, certains élèves s’absentent sur plus de deux mois cumulés, rapporte Harry Christophe qui a présidé à plusieurs reprises des commissions académiques sur le suivi du sujet. Pour lui, il s’agit d’une «indication alarmante qui ne peut qu’entraîner des difficultés scolaires ». «Ces élèves ne peuvent pas réussir correctement. Si on ne fréquente pas l’école de manière assidue, les résultats ne peuvent pas suivre», affirme-t-il.

«En regardant le profil de ces élèves, nous observons quelques éléments qui reviennent régulièrement. Souvent, ils sont issus de familles qui vivent dans des conditions sociales précaires, prises avec le logement, le travail, les violences, etc. Les familles pour certaines d’entre elles manquent d’autorité vis-à-vis de leurs enfants qui sont livrés à eux-mêmes dès leur plus jeune âge», poursuit-il.

La situation géographique des collèges

Autre point abordé par le vice-recteur, la «situation complexe » des collèges. «Nous avons deux établissements, l’un en reconstruction à Quartier d’Orléans et un autre en construction, à la Savane. Les travaux à Quartier d’Orléans ont occasionné des contraintes sur l’organisation et le fonctionnement du collège. Nous avons dû à un moment donné construire des préfabriqués. Tout cela a eu des conséquences aussi sur l’ambiance de la sphère éducative et socioprofessionnelle», admet le vice-recteur.

Le collège Soualiga situé à l’intérieur de l’espace réservé du lycée Robert Weinum, présente aussi des contraintes qui engendrent des tensions sur l’occupation des salles de classe entre le lycée et le collège.

Concernant le lycée professionnel Daniella Jeffry, une bonne nouvelle est arrivée récemment, « la Collectivité a engagé les financements pour permettre la rénovation des ateliers professionnels notamment de la section bois », rappelle Harry Christophe.

Multilinguisme

Par ailleurs, le vice-recteur a noté les particularités du territoire au niveau linguistique, avec une prédominance de l’anglais. «Les élèves de Saint-Martin obtiennent de très bons résultats sur tous les textes d’évaluations contenant de l’anglais, avec des moyennes supérieures à celles de l’académie et au plus haut niveau national », confie-t-il. Et de reconnaître que «cela est un vrai atout». Cependant, en français, «nous en sommes loin». Dans ce contexte, l’éducation nationale a réfléchi à diverses initiatives pour proposer des méthodes alternatives de travailler la langue en classe à l’aide de dispositifs combinant l’anglais et le français. Des classes bilingues ont été créées en 2016 avec près de 800 élèves inscrits aujourd’hui. Le dispositif sera encore reconduit l’année prochaine même si les services de l’éducation nationale ont des difficultés à recruter et/ou à former les enseignants pour ces classes. «Bien que nous manquons de Titre 5profils bilingues sur le territoire, ce qui nous limite, pour autant nous allons le poursuivre», exprime le vice-recteur.

L’espagnol prime de plus en plus sur l’île, ce qui représente un nouvel enjeu pour l’éducation nationale. «Aujourd’hui, nous constatons que l’espagnol est la langue majoritaire dans certaines zones du territoire, comme le secteur de Grand Case», souligne-t-il. Selon lui, la pratique de cette langue devrait être développée afin que les élèves brillants en anglais puissent briller également en espagnol, et en français.

Sciences cognitives

Un nouveau projet pédagogique doit être mis en place. L’idée est d’établir progressivement une approche différente de l’apprentissage basé sur les sciences cognitives. «Nous envisageons de mener les expérimentations à tous les niveaux (élémentaires, collèges, lycées). Cela signifie qu’il y aura une formation pour les enseignants. Les sciences cognitives ont fait de grands progrès au cours de cette dernière décennie, et nous avons appris davantage d’informations sur le fonctionnement du cerveau : comment un élève apprend, la capacité de restituer ses connaissances etc. », complète-t-il. Ce projet est l’un des gros défis de l’éducation nationale de faire réussir autrement les élèves en difficultés.

Enfin, Harry Christophe a été marqué par cette capacité d’entreprendre des Saint-Martinois, notamment lors du festival art et langues culture. «Ils ont réalisé des choses remarquables », confie-t-il. «Certes, nous avons du retard en matière d’apprentissage mais ce sont des élèves avec beaucoup de compétences », convient le vice-recteur qui se dit aussi «attentif » à l’ouverture en septembre du Centre d’excellence et d’éducation par le sport (CEES) en partenariat avec le collège Soualiga.

 

Siya TOURE