19.04.2019

Plastique à usage unique : des alternatives proposées localement

Les produits en plastique à usage unique seront interdits dans l’UE à partir de 2021. A Saint-Martin, des solutions alternatives commencent à fleurir.

Le 27 mars dernier, le Parlement européen a entériné à une large majorité, la fin dans l’Union européenne à partir de 2021, des produits en plastique à usage unique qui polluent les océans. En France, la fin des gobelets, tasses et assiettes non compostables et des cotons-tiges a déjà été fixée à 2020.

En plus des pailles, cotons-tiges et vaisselle jetables, l’UE s’attaque également aux plastiques dits oxodégradables (étiquetés biodégradables de façon abusive) et aux récipients alimentaires et gobelets en polystyrène expansé, très utilisés lors des commandes de repas à emporter.

La Caraïbe n’est pas en reste quant à cette interdiction. La Dominique a été le premier pays au monde à interdire le plastique et le polystyrène à usage unique, en vigueur depuis début 2019. Comme le rapporte Libération, « Haïti a interdit plateaux, barquettes, bouteilles, sachets, gobelets et assiettes en polystyrène dès 2013. Les autres îles des Caraïbes, Trinidad-et-Tobago, Sainte-Lucie, le Guyana, les Bahamas ont ensuite fait de même. […] A Antigua-et-Barbuda, on a mis fin à l’importation de contenants en plastique en 2017, puis en 2018 le pays a banni les ustensiles en plastique tels que les cuillères, les pailles ou encore les plateaux ». Et il y a quelques jours, c’est Anguilla qui a interdit l’importation de plastique à usage unique.

Au sein de l’UE mais aussi localement à Saint-Martin, on peut se demander à quel point ces nouvelles règles seront respectées. Depuis le 1er juillet 2016, les sacs de caisse en plastique à usage unique sont interdits et depuis le 1er janvier 2017, les commerçants ont aussi l’obligation d’utiliser, en dehors des caisses, des sacs en papier ou en plastique biosourcé et compostable pour la pesée des fruits et légumes, fromages à la coupe, viande ou encore poisson. Et force est de constater que ces obligations ne sont pas respectées par tous les commerçants de l’île, ni même par leurs clients qui les refusent rarement.

Certains professionnels de la restauration ont pris les devants

Toutefois, l’interdiction de l’utilisation du plastique à usage unique n’est pas encore entrée en vigueur que déjà fleurissent sur l’île des initiatives individuelles pour limiter leur consommation.

Plusieurs restaurateurs des deux côtés de l’île se fournissent en vaisselle jetable biodégradable en commandant directement aux Etats-Unis ou en Europe, ou en s’approvisionnant localement auprès de commerçants spécialisés dans la vente de fournitures pour l’hôtellerie et la restauration comme ERPEG ou PDG qui ont commencé à étoffer leur offre en la matière.

Certains, comme le traiteur Pocket Chef (Cripple Gate) vont même plus loin en proposant une réduction d’un euro par plat à ceux qui apportent leur propre contenant. « Quelques clients jouent le jeu mais ce n’est pas la majorité » confie-t-il. Il persiste malgré tout car même s’il utilise des emballages biodégradables le reste du temps, « cela fait quand même des déchets ».

En plus des boîtes à emporter, les pailles en plastique constituent un véritable fléau. Si les pailles en inox ne font pas l’unanimité auprès des clients, elles ont au moins le mérite d’être lavables et réutilisables. La Boîte à Thé propose depuis quelques mois une alternative avec des pailles en bambou bio non traitées et fabriquées à Bali, estampillées du nom de l’établissement qui les commande. Le Creol’ Garden, le Lagoonies, Mersea, Sint Maarten Nectar et le Bar Bamboo ont déjà les leurs. Elles sont également disponibles pour les particuliers. La Boîte à Thé commercialise par ailleurs des lunch box fabriquées à partir de paille de blé.

La première entreprise d’Outre-mer spécialisée dans la vaisselle biodégradable

Il existe aussi désormais une entreprise spécialisée dans la commercialisation de produits biodégradables destinés aux professionnels de la restauration et de l’hôtellerie. Après avoir travaillé plusieurs années sur l’île dans la restauration et constaté le volume de plastique jeté à la poubelle, Sunita Mittal, 31 ans, a décidé de monter MyStraw Company. Lors de sa rencontre avec la ministre des Outre-mer Annick Girardin le week-end dernier, elle a appris que son entreprise basée à Saint-Martin, était la première de ce type dans tout l’Outre-mer.

MyStraw Company propose une alternative concrète sur place à ces objets du quotidien que sont les gobelets, les pailles, et les boîtes à emporter et dont la fondatrice n’imagine pas encore la population prête à se passer. Pour l’heure, elle vend pailles, couverts et assiettes fabriquées à partir de fibres végétales (canne à sucre, banane) ou de PLA (acide polylactique), polymère biosourcé, obtenu à partir de pomme de terre. Bientôt, elle recevra des boîtes à emporter, des boîtes à pique nique pour vingt-cinq personnes, des sacs poubelles compostables et des gobelets.

« Ces produits sont compostables et biodégradables mais ce n’est bien sûr pas une raison pour les jeter par terre » précise-t-elle. Ils sont fabriqués en Inde, son pays d’origine, mais à terme Sunita aimerait pouvoir les produire localement « à partir des matières premières des Antilles ». Lancée il y a quelques semaines, MyStraw Company compte déjà une vingtaine de clients sur l’ensemble de l’île parmi lesquels le Rainbow, le Blue Martini, le Barranco, le Plongeoir, Little Bamboo, Indigo Bay, Resto’Fair, l’Etage… et des associations comme Dream Of Trail.

Certes, leur conviction écologique et citoyenne a un coût, que la jeune entrepreneuse estime entre 10 et 15% supérieur à celui du plastique. « En échange de leur effort financier nous nous engageons à communiquer sur leur effort écologique. Nous sommes une équipe et nous devons nous serrer les coudes pour faire évoluer les choses à Saint-Martin. Plus on sera nombreux, moins les coûts seront élevés. Après un mois d’activité on constate déjà une baisse des prix » avance la fondatrice de MyStraw Company.

Elle prévoit également de distribuer une gamme pour les particuliers dans la grande distribution et sur son site internet encore en construction. Investie d’une mission de service public, elle a aussi l’intention de mener des campagnes de sensibilisation afin de responsabiliser non seulement la population mais aussi les touristes sur les dangers du plastique à usage unique pour l’environnement.

Fanny Fontan
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Pour ceux que ça intéresse, voici l'adresse du site web qui est en effet en construction. Vous pouvez demander à être prévenu par email de l'ouverture: https://mystraw.myshopify.com/

Besoin de protéger mon île !

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