25.02.2019

Il frappe sa compagne dans le dos avec un couteau

X.D a été condamné vendredi 22 février par le tribunal de Saint-Martin à deux ans de prison dont un avec sursis pour violences conjugales.

X.D était présenté en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin vendredi 22 février pour deux séries de faits commis au préjudice de L.U, sa compagne. L’une concerne des violences avec trois circonstances aggravantes : sur sa concubine, avec une arme et en état d’ivresse. L’autre des appels malveillants et des menaces de mort.

En couple avec L.U depuis quelques semaines, X.D s’installe chez elle en juillet 2018. Elle vit avec ses deux enfants de 3 et 2 ans et il partage la garde des siens (7 et 9 ans) avec son ex-compagne. Tout semble rose dans cette famille recomposée. Pourtant, bien que très récente, leur relation bat déjà de l’aile. Lorsqu’ils se disputent, elle lui crache dessus et lui la frappe de manière récurrente, sur la tête, les bras, les cuisses… Elle lui demande d’éviter le visage car elle travaille dans la restauration.

Parfois c’est parce qu’il considère que le papier toilette doit être jeté à la poubelle et non dans la cuvette, ou qu’il estime qu’elle devrait se lever avant les enfants pour faire le ménage. « Il me dit aussi que je suis une putain de blanche aux Antilles et que je dois payer pour les 400 ans d’esclavage qu’ont subi ses ancêtres » explique-t-elle à la barre. S’il dit n’être pas sorti au début de leur relation, il se rattrape depuis le début de l’année, expliquant avoir besoin de prendre l’air. « Quand il sort avec ses amis, ils vont aux putes, trompent leur femme et rentrent toujours bourrés. Je ne veux pas être mêlée à ça » décrit L.U à la barre, afin d’expliquer pourquoi elle lui reproche ses excursions nocturnes, et pourquoi elle ne l’accompagne pas non plus.

Le 20 janvier dernier, cette situation consternante atteint son paroxysme. Ce dimanche-là, X.D est rentré de soirée vers 7 heures du matin et a filé directement se coucher. Mais L.U l’empêche de dormir et lui fait remarquer que lorsqu’on a des enfants et que l’on sort on doit assumer et s’en occuper. Dans son dépôt de plainte, L.U décrit : « il m’a dit qu’il allait me crever les yeux et me casser mon nez de française alors je lui ai craché dessus et il m’a mis des coups sur la tête. Puis il s’est emparé du couteau de cuisine japonais avec lequel je venais de couper des fruits pour les enfants qui étaient en train de petit-déjeuner, et m’a poursuivi avec autour de la table de la cuisine ».

L.U n’arrive pas à courir vite car elle a un pied dans une attelle. Une blessure consécutive à une autre dispute, survenue entre eux deux jours plus tôt, et pour laquelle elle a 14 jours d'arrêt de travail. Alors elle passe sous la table et se met en boule pour se protéger la tête. X.D la frappe trois fois entre les deux omoplates avec le plat du couteau. « Quand je ressens la chaleur du sang qui coule dans mon dos je décide d’appeler les flics » explique-t-elle.La goutte d’eau qui fait déborder le vase en quelque sorte.

C’est la première fois qu’elle fait appel aux gendarmes depuis le début de leur relation. Lorsqu’ils arrivent sur les lieux, L.U a des traces de coup sur le visage, X.D est encore alcoolisé (0,4 mg/L d’air expiré), tandis que les quatre enfants sont toujours en bas. L.U est examinée aux urgences et sort avec un ITT de 1 jour et un arrêt de travail de 21 jours. L’examen fait froid dans le dos et rapporte de multiples hématomes sur tout le corps, une entorse aux cervicales, une coupure de 15 centimètres entre les omoplates… Elle est ensuite entendue à la gendarmerie. Ses déclarations signalent également des faits antérieurs et font donc état de violences intrafamiliales récurrentes, en présence des enfants. X.D est placé en garde à vue. « Elle m’a menacé en premier avec le couteau pour me dire qu’elle allait me couper les couilles si je me rendormais. Ça m’a énervé alors j’ai pris le couteau sur le plan de travail et je l’ai tapée. Je regrette de l’avoir fait » se défend-il à la barre.

Le tribunal interroge les concubins : « quand on en est à ce point de relation exécrable et de coups portés devant des enfants, pourquoi on est toujours en couple ? Pourquoi on vit toujours dans la même maison ? ». « Je voulais partir et elle m’a dit qu’elle serait dans la merde car elle n’a pas de voiture. On a essayé de tenir gentiment » répond X.D. « J’avais demandé qu’on termine notre relation comme des adultes. Je lui ai donné plusieurs ultimatums pour qu’il cherche un logement et parte de chez moi, d’abord le 31 décembre, puis le 31 janvier comme il n’avait pas trouvé. J’ai un cœur, si je mets monsieur dehors c’est aussi ses enfants que je vire » ajoute L.U.

Le tribunal demande aussi à L.U pourquoi elle n’a pas porté plainte plus tôt. « Il faisait de la manipulation psychologique. Il est très malin. Au final c’est vous la mauvaise, c’est votre comportement qui fait qu’il est comme ça. Vous finissez par y croire que vous êtes qu’une merde. Je ne sais pas comment j’ai fait pour le supporter » lâche-t-elle en pleurant. A la demande de son avocat, L.U rapporte avoir été convoquée par la maîtresse de son fils parce qu’il avait reproduit sur ses camarades avec un couteau en plastique, les attaques qu’elle avait subies.

Si X.D a déjà trois condamnations à son actif, dont une pour violences réciproques, il n’a jamais fait l’objet de plainte pour violences conjugales et a de bons rapports avec ses ex compagnes. Il a une entreprise de paysagisme à Saint-Barthélemy, gagne bien sa vie et est donc bien inséré. Considérant qu’il ne représentait pas de danger particulier, il avait été remis en liberté après sa garde à vue mais avait toutefois écopé d’une interdiction de contact avec L.U. C’est pour n’avoir pas respecté cette interdiction qu’il comparaissait devant le tribunal.

Deux jours après être sorti de garde à vue, X.D envoyait en effet des messages à L.U par l’intermédiaire d’un ami pour lui demander de lui rendre ses affaires de travail. L.U recevait également un peu plus tard un message d’un autre numéro comportant la menace : « tu vas payer cher papa bon dieu te fera brûler en enfer. J’en ai marre je veux juste mes affaires ».

Si elle reconnaît avoir violé l’interdiction de contact pour tenter de récupérer ses documents professionnels, la défense nie cependant être l’auteur des menaces. L’avocate de X.D présente au tribunal le mot laissé par L.U à X.D avec deux sacs de linge devant chez elle, lorsqu’il est sorti de garde à vue. Celui-ci termine par « brûle en enfer ». Pour la défense, les termes employés dans les menaces ressemblent à ceux de la victime. « Nous n’avons pas pu vérifier d’où venait ce message et n’avons donc pas la certitude qu’il s’agit bien de l’auteur » reconnaît le vice-procureur. Il rappelle toutefois à X.D qu’il encourt un mandat de dépôt car même s’il a frappé avec le plat du couteau il s’agit quand même d’un coup de couteau. « Dans tous les couples il y a des disputes et ce n’est pas notre problème. Notre problème en revanche c’est d’empêcher que des drames arrivent » avance-t-il.

La défense ne nie pas les violences, mais considère que la victime « a sa part de responsabilité puisqu’elle se trouvait dans une situation qu’elle a acceptée ». « Les violences conjugales résultent de la combinaison de deux caractères » déclare l’avocate. Elle ne nie pas non plus le fait que son client ait violé son interdiction de contact mais explique qu’il voulait simplement récupérer ses documents professionnels.

Après en avoir délibéré, le tribunal relaxe X.D pour les faits d’appels malveillants et menace de mort mais le déclare coupable du surplus. Il est condamné à deux ans de prison dont un avec sursis avec mise à l’épreuve pendant trois ans et interdiction d’entrer en contact avec la victime. Il devra par ailleurs effectuer un stage de sensibilisation.

L.U, s’est constituée partie civile et demandé plus de 80 000 euros de dommages et intérêts. Le tribunal condamne X.D à l’indemniser et reçoit la constitution de partie civile de L.U. Il renvoie l’examen sur intérêt civil au 25 juin prochain et ordonner une expertise par un médecin légiste de L.U. X.D doit lui verser une provision de 2000 euros tandis qu’elle doit verser 800 euros qui seront consignés pour l’expertise.

 

Fanny Fontan