06.09.2022

Violences conjugales : un époux condamné à 2 mois de prison avec sursis

Un homme âgé de 65 ans muni d’une canne, TE, se présente devant le tribunal de proximité de Saint-Martin avec à ses côtés, l’une de ses filles. Il est accusé par TL, sa femme, de violences. Celle-ci est elle également présente à l’audience, accompagnée de leur fille.

Le 22 juin 2021, T.E et son épouse sont à leur domicile, dont ils sont tous deux propriétaires, leur fille est aussi chez eux. A 20 heures après l’une des nombreuses disputes houleuses, TE se rend dans sa chambre, son épouse est sur le point de faire de même quand TE revient dans le salon et lui porte un violent coup de poing sur la bouche. TL tombe au sol. Leur fille intervient, «saute» sur son père afin de l’empêcher de continuer. Les gendarmes sont prévenus et arrivent.

D’après le témoignage de la fille du couple et de l’épouse, les violences et insultes sont régulières depuis plus de trente ans. TL explique aussi au tribunal qu’elle et son mari vivent en décalé, lui dort le jour et la nuit il est réveillé, il en profite pour réveiller tout le monde en tapant sur les portes.

En 2007, les violences sont devenues plus nombreuses. TE est devenu aveugle en recevant de «l’ammoniaque» jeté au visage par son épouse. Toujours d’après le témoignage de ses proches, ceci l’aurait rendu encore plus «méchant».

Le prévenu nie les faits qui lui sont reprochés. Il affirme l’avoir juste «poussée» après avoir senti une gifle sur sa joue. Il dit également vouloir «se protéger d’elle», qu’elle le menace de mort, qu’elle «le tabasse». Il assure à la barre qu’il n’a pas pu porter ce coup étant «malvoyant».

Quand la juge lui demande, « pourquoi ne pas vous séparer? », il répond qu’il n’a pas d’autre «endroit où dormir» et que «c’est sa maison». Sa fille née d’une précédente union témoigne qu’elle ne peut l’héberger. L’épouse confie avoir demandé le divorce et qu’il a refusé pour des raisons religieuses.

«Depuis 33 ans ce couple est toxique autant pour l’un que pour l’autre, se détruisant moralement, physiquement avec au milieu deux filles qui doivent se partager»,commente la procureure. «Les éléments matériels dans le dossier, dont le certificat médical de madame attestant d’un coup d’une extrême violence provoquant un œdème, vont à l’encontre de monsieur, ainsi que les témoignages», ajoute-t-elle. Elle convient que le couple ne peut rester vivre ensemble, «les violences sont encore quotidiennes aujourd’hui». «C’est de notre responsabilité à nous justice d’éviter qu’un jour l’un des deux ne meurt», convient-elle.

Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné TE à une peine de deux mois d’emprisonnement assortis du sursis probatoire pendant dix-huit mois comprenant l’interdiction d’entrer en relation avec la victime.

Siya TOURE