03.02.2021

Promouvoir les valeurs du foyer familial pour réduire le risque de délinquance

Tel est le but de Mélanie qui propose un accompagnement à la parentalité.

Sa vraie formation peut faire peur : elle est spécialisée en criminologie générale. Aussi Mélanie Hodge préfère-t-elle se définir comme intervenante en délinquance et en réinsertion sociale. Son travail au quotidien n’est en effet pas d’établir le profil de criminels pour les enquêteurs mais d’analyser la criminalité et surtout d’en déterminer les causes. Et elle va même plus loin puisqu’elle cherche à réduire ces comportements à risque.

Mélanie a débuté sa carrière professionnelle au Canada où elle a également suivi ses études. «J’ai travaillé dans l’aide à la réinsertion sociale», confie-t-elle. Après quelques années, elle a souhaité «faire bénéficier de ses compétences à Saint-Martin». «Une façon pour [elle] d’apporter [sa] pierre à l’édifice». Elle a d’abord été recrutée par la Collectivité puis par la préfecture pour participer à des missions et/ou à l’élaboration de politiques publiques de lutte contre la délinquance. Motivée par l’envie de s’investir davantage, elle a décidé d’œuvrer à son compte. Et de se concentrer sur les parents et non pas uniquement sur les jeunes.

«La famille est le premier levier de socialisation de l’individu. Dès son plus jeune âge, l’individu recherche un lieu d’appartenance, et on doit le trouver au sein de la famille. La famille est un facteur de protection. Ce facteur de protection doit être assez fort pour atténuer les autres qui sont à risque», explique Mélanie. Et si un jeune ne trouve pas ces repères, ces liens d’appartenance au sein de sa famille, il va aller les chercher ailleurs, souvent dans la rue en adhérant à un groupe, voire à un gang.

De par son expérience, Mélanie a pu constater que la parentalité, le comportement des parents sont des facteurs à risque de la délinquance. D’où sa volonté d’agir à ce niveau. Elle reconnaît qu’être parent est compliqué, que cela l’est d’autant plus dans un environnement social difficile. «L’éducation c’est savoir démontrer, expliquer, prévenir. Il ne faut pas confondre éducation qui se fait au sein du foyer, à la maison et instruction qui se fait à l’école. L’éducation ne doit pas être permissive, il faut savoir donner les capacités à une personne à se réguler», convient celle qui croit en «une éducation positive».

A travers son entreprise, Mélanie souhaite donner aux parents «les outils pour qu’ils puissent s’accomplir en tant que parents ». Elle ne cherche pas à faire la moral, à donner des leçons mais à accompagner les parents qui éprouvent des difficultés. «Il ne faut pas culpabiliser, il faut absolument désamorcer ce sentiment», assure-t-elle. Mélanie propose ainsi des ateliers d’accompagnement à la parentalité que ce soit en entretien individuel ou en groupe. «Chacun avance à son rythme, on répète les choses autant de fois que nécessaire. Il faut donner le pouvoir d’agir aux individus», estime-t-elle. Avec les parents, elle étudie les facteurs à risque et travaille avec eux sur ces points identifiés à améliorer. Elle propose aussi des formations pour aider les élèves difficiles, des ateliers pour apprendre à maîtriser sa colère, à mieux appréhender la relation parents-enfants.

On pourrait conclure que Mélanie est en quelque sorte «la super Nanny des parents», mais elle n’apprécie pas cette qualification. Elle veut juste accompagner les parents et ainsi à contribuer à faire augmenter ce facteur protection qu’est la famille pour réduire à terme le risque pour les enfants de basculer dans la délinquance. Elle veut aider les femmes et mamans seules, isolées à croire en elle, à être comme elle une «Positively-Mom ». Et de partager cette définition de la « parenthood : helping shade the minds of the future while trying not to lose your own.»

Estelle Gasnet