29.01.2020

Chambres d'hôtel vs locations saisonnières : quel hébergement rapporte le plus

Depuis des années, les élus qui se succèdent ont l’ambition d’attirer des investisseurs dans l’hôtellerie. Ils veulent voir de nouveaux établissements ouvrir en partie française et le nombre de chambres croître de nouveau, du moins flirter avec le niveau des années 1990. Ils estiment la capacité hôtelière actuelle, de l’ordre de 1 600 chambres, nettement trop basse pour permettre une reprise du tourisme. Toutefois, ils oublient de prendre en compte la location saisonnière qui est un mode d’hébergement dont le poids économique n’est pas négligeable.

Contexte

Avec les dispositifs de défiscalisation, des hôtels de grande capacité (plusieurs centaines de chambres) ont été construits. En 1996, la partie française comptait ainsi 3 170 chambres *. Mais des gros établissements (hôtel Mont Vernon, Nettle Bay beach club, Le Flamboyant, la Belle Créole) ont fermé principalement en raisonde la conjoncture économique et la plupart ont été transformés en logements privés, lesquels sont occupés soit par des résidents à l’année, soit par des touristes (location saisonnière).

En 2016, la capacité hôtelière n’est plus que de 1 600 chambres*. Sans compter les quelque 150 villas de luxe et 150 standard*. Mais il ne s’agit pas de la capacité totale d’hébergement de la partie française.

La réalité en termes de nombre de chambres

En effet, outre l’hôtel, la location saisonnière est aujourd’hui un mode d’hébergement important et prisé, conséquence directe de la fermeture d’hôtels.

Toutefois, elle n’est représentée par aucune instance ou association et l’office de tourisme et la Collectivité n’ont réalisé aucun recensement ; les seules données officielles étant le nombre de guest houses référencées, soit 45.

Pour avoir une idée du nombre de locations, nous avons consulté les trois principales plateformes internet de réservation, TripAdvisor, Homeaway-Abritel et Airbnb. Sur la première, 580 locations sont proposées en partie française (dont quasiment 200 aux Terres Basses), sur la deuxième quelque 600 sans compter les villas des Terres Basses et Baie rouge (300) et 300 sur la dernière.

On peut concevoir que le nombre moyen de locations est de 520 sur la partie française auquel il faut ajouter les villas de luxe.

Sur les 520 locations, on peut supposer que la moitié présente une capacité d’hébergement d’une chambre et l’autre moitié d’au moins 2 chambres, le nombre de chambres disponibles en location saisonnière est donc de 780.

Si on l’ajoute aux 1 600 chambres d’hôtels, la capacité d’hébergement est aujourd’hui de 2 380 chambres, sans compter les 150 villas de luxe proposant un minimum de trois chambres. Comparée à 1996, la capacité est inférieure de 790 chambres.

Si on raisonne en hébergement (location + chambre d’hôtel), la capacité est de 2 120, soit une capacité inférieure de 33 % à celle de 1996.

Les conséquences en termes d’emploi

L’une des premières conséquences est liée à l’emploi. Le ratio moyen étant un emploi pour quatre chambres dans un hôtel deux étoiles et un emploi pour deux chambres dans un hôtel de trois étoiles, la perte réelle du nombre de chambres étant de 790, si l’on considère la moitié en deux étoiles et l’autre en trois étoiles, le nombre d’emplois directs supprimés est de 300.

Cependant, la transformation des établissements hôteliers en appartements privés a permis d’augmenter le parc de logements ; les appartements non loués aux touristes l’étant à des résidents.

Les conséquences en termes de recettes fiscales

Essayons d'apprécier si la perte du nombre de chambres a impacté les recettes fiscales de la COM, du moins le produit de la taxe de séjour.

En sachant que le taux est de 4 % et que le taux de remplissage moyen des hôtels est de 60 %*, soit 220 nuits par an, un taux de remplissage que nous appliquerons aussi aux locations saisonnières.

  • Hôtels

Considérons deux prix moyens hors taxe par nuit, 100 euros pour 50 % des chambres et 250 euros pour l’autre moitié.

- Si la capacité hôtelière de 1996 était maintenue, le produit de la taxe de séjour serait de 4,9 millions d’euros par an (1,4 million pour les chambres à 100 euros et 3,5 pour les chambres à 250 euros).

- Aujourd’hui, les 1 600 chambres rapportent 2,46 millions de taxe de séjour (0,7 M pour les chambres à 100 euros et 1,76 million pour les chambres à 250 euros), soit 1 540 euros par chambre.

- La différence entre les recettes potentielles de 1996 et celles d’aujourd’hui est de 2,44 millions d’euros.

  • Locations saisonnières

Considérons deux prix moyens hors taxe par nuit, 150 euros pour les locations d’une chambre (50 % des locations) et 350 euros pour les locations de deux chambres.

Les 520 locations saisonnières doivent rapporter 1,14 million euros de taxe de séjour (345 000 + 800 800), soit 2 190 euros par location.

  • Hôtels + locations saisonnières

Le produit de la taxe de séjour devrait s’élever aujourd’hui à 3,6 millions d’euros (sans compter les villas de luxe), soit 26,5 % de recettes de moins si la capacité de 1996 était maintenue et pour une capacité en termes d’hébergements inférieure de 33 %.

Aujourd’hui, un hébergement (chambre d’hôtel ou location) génère en moyenne 1 700 euros de taxe de séjour. Comparativement, en 1996 avec une taxation similaire, une chambre d’hôtel aurait généré 1 545 euros.

Comparaison du chiffre d’affaires généré selon le mode d’hébergement

Si l’on reprend les mêmes critères cités précédemment :

  • 1 600 chambres avec des tarifs de 100 euros pour 50 % d’entre elles et 250 euros pour les autres 50 %,
  • 520 locations dont 50 % à 150 euros la nuit et 50 % à 350 euros la nuit

les chiffres d’affaires réalisés sont respectivement de 280 000 et 130 000 euros par nuit, soit 175 euros par nuit et par chambre d'hôtel et 250 euros par nuit et par location saisonnière.

Aujourd’hui pratiquer la location saisonnière rapporte plus à une personne qu’exploiter un hôtel. Et c’est sans compter toutes les charges et entretien qu’une location offre en moins qu’un hôtel.

Or, un grand nombre de ces locations ne sont pas déclarées et non contrôlées, donc les recettes de la taxe de séjour ne sont pas perçues. Il en est de même pour les revenus des propriétaires.

* Source : Iedom.

Estelle Gasnet
7 commentaires

Commentaires

Exemple la baie orientale!
Quasiment impossible de trouver une location annuelle!
Des parasites se sont lancé dans ce job!
On ne déclare rien ,on ne paye ni impôts sur le chiffre d affaire ,ni la taxe de séjour,on exploite quelques femmes de ménage sans les déclarer bien sûr !!! On loue entre 30 et 40 semaine par an !!!
Et tout ce petit monde ne comprends pas les revendications des quartiers défavorisés !
L’arrogance se paiera un jour quand les jeunes viendront en scooter un soir voir la place de la BO avec ses lumières ses animations et ses prix exorbitants !!!!

Très bien dit José, merci pour ton témoignage !!

Pas d'accord, rien n'empeche les autres quartiers de travailler pour accueillir les voyageurs.
Vous oubliez qu'à la BO, tout le monde paie ses taxes, et impots fonciers et son réseau d'eau et ses routes etc...
Il faut aussi le prendre en compte.

Complément de réponse à « anonyme »
alors vous êtes un des rares à déclarer totalement vos revenus et taxes diverses à la BO .
De plus ,il y a une gestion obscure du parc de la baie orientale ! Charges très lourdes,factures énormes en suspens auprès des fournisseurs d.eau, des marchés de sécurité qui se traite entre amis , des routes défoncées mais en contrepartie on vends du rêve à ces braves touristes

pour anonyme, non tout le monde ne paie pas ses taxes sur la location touristique à la BO et ni au syndic pour l'entretien de la BO (faut arrêter de dire des âneries parfois et se tenir au courant) on loue ses appartements sans le déclarer pour ne pas payer la TGCA (c'est simple faudrait juste un fichier en liaison avec la taxe et la déclaration du logement).... en plus concernant le personnel qui les entretiens (jardinier, femme de ménage beaucoup viennent de la partie hollandaise et ne sont pas déclarés partie française)...

ce n'est pas aux touristes qu'on vend du rêve à la BO (car eux ne payent que pour leur vacances) mais aux proprios qui payent un max (enfin pour ceux qui payent leurs charges)du rêve, la BO a bien changé en 15 ans (route défoncée, réseau d'eau obsolète avec fuite à répétition, charges en augmentation constantes, etc...) Jose à bien résumé la réalité de la BO qui a perdu de sa splendeur et qui ressemble surtout à une boite à fric pour les restaurants de plage et les loueurs de location touristique

Pour donner à la mairie le document de déclaration d'une location saisonnière, c'est le parcours du combattant.
Personne ne semble au courant, ils semblent tomber des nues lorsqu'on leur demande à qui donner ce document pour le faire enregistrer, on vous envoie d'un bureau dans l'autre et à la fin je l'ai donné à une employé qui a eu pitié de moi.
Pour la Taxe de séjour, avant c'était la douane,jusqu’à fin décembre 2019 qui gérait cela et maintenant c'est .... personne pas très au courant ..."il faut attendre que cela se mette en place ".....
Comme c'était pour démarrer l'activité mi janvier ....
Que la COM ne pleure pas, qu'elle charge une personne compétente de s'occuper de ce dossier.. c'est facile