23.08.2019

Nouvelles découvertes archéologiques affirmant une occupation humaine au 3e millénaire avant notre ère

Suite à Irma, une campagne de fouilles archéologiques sur trois sites a été réalisée à Saint-Martin. Des vestiges mésoindiens ont été trouvés à Sandy Ground.

Les épisodes de fortes houles et l’érosion endommagent les sites archéologiques des littoraux, parfois certains sites disparaissent emportés par la mer. Après la submersion marine durant Irma, Christophe Hénocq, chargé de mission archéologique et scientifique aà la Collectivité, a réalisé des prospections pour estimer les dégâts sur les vestiges.

La campagne sur le terrain qui a duré huit mois à partir d’octobre 2017, a révélé que dix-huit des quatre-vingt-dix sites archéologiques connus sur le littoral de Saint-Martin* ont été impactés par la submersion. Et autant ont été découverts, parmi lesquels un site à Sandy Ground.

«Sur la plage de Morne Rond, un particulier qui reconstruisait sa maison, avait creusé un mur d’environ un mètre de profondeur. Et c’est au cours de mes prospections que j’ai vu qu’il avait déterré des restes coquilliers, signes de niveaux méso-indiens. Il s’agit probablement d’une zone de décoquillage, de cuisson et de consommation de mollusques», explique Christophe Hénocq qui, jusqu’alors, n’avait aucune connaissance de vestiges à cet endroit.

Cette découverte ainsi que les autres observations sur le terrain post Irma ont fait l’objet d’un rapport qui a été transmis au service régional de l’archéologie (SRA) de la direction des affaires culturelles (DAC) de Guadeloupe. Cet inventaire a alors incité la DAC à solliciter une dotation supplémentaire au ministère de la Culture pour approfondir les recherches sur certains sites. C’est ainsi qu’une équipe de l’Inrap, l’institut national de recherches archéologiques préventives, composée de deux personnes, a été mise en place pour venir à Saint-Martin mi 2019 pour réaliser des fouilles.

Aux côtés de Christophe Hénocq, les deux archéologues ont travaillé pendant une semaine sur la plage de Morne Rond et une autre semaine sur la plage du Galion et deux autres sur Caye Verte avec l’autorisation du Conservatoire du Littoral et de la RNN de Saint-Martin.

Sur l’îlet, la houle d’Irma a dégagé une partie de dune qui était auparavant recouverte de restes de coraux et de coquillages rejetés par des tempêtes antérieures à Irma et c’est là que l’équipe réalise actuellement ses sondages manuels. «Une occupation est attribuée à la période Néoindien récent», précise Nathalie Serrand de l’Inrap.

Sur la plage du Galion, «des concentrations de tessons de céramiques néoindiens, d’outils lithiques en cherto-tuffite (une roche locale utilisée à cette période par les populations amérindiennes) et des restes coquilliers ont été repérés», rapporte l’archéologue de l’Inrap Fabrice Casagrande. Le mobilier céramique permet de rattacher ces vestiges au Néoindien récent daté entre les IXe et XVe.

En revanche les restes coquilliers découverts sur la plage de Morne Rond sont beaucoup plus anciens. «Ces vestiges semblent remonter au 3E millénaire avant Jésus Christ mais leur datation sera précisée en phase d’étude», explique Nathalie Serrand.

Les fouilles sur Caye Vertes vont se terminer dans les prochains jours. Ensuite, l’équipe rédigera un rapport dans lequel elle indiquera avec précision les endroits où les objets ont été mis à jour et livrera son interprétation quant à la fonctionnalité, l’étendue et l’occupation desdits sites.

Sur la plage du Galion et à Caye Verte, aucune campagne de fouille n’avait été entreprise jusqu’alors même s’il y avait une connaissance de vestiges à ces endroits suite à la découverte fortuite par Christophe Hénocq en 1993 de céramiques.

«Les résultats des fouilles à Morne Rond, Caye Verte et à la baie de l’Embouchure vont permettre d’affiner la connaissance de l’occupation humaine ancienne à Saint-Martin, qui fait maintenant référence à l’échelle de la Caraïbe. Il sera aussi décidé de procéder ou non à d’autres fouilles pour compléter ces résultats», conclut Christian Stouvenot de la DAC.

* 182 sites sont recensés à Saint-Martin.

Estelle Gasnet