25.07.2019

L’un des créateurs de Yoda tient un musée à Philipsburg

 «Ce n’est pas un musée sur Star Wars mais sur les films avec un focus sur les créatures à effets spéciaux.»

Nick Maley est l’un des principaux créateurs de Yoda, personnage fictif qui incarne la sagesse dans la saga Star Wars et apparaît pour la première fois dans L’Empire contre-attaque en 1980. Maquilleur à effets spéciaux, cet artiste anglais né en 1949 a travaillé sur une cinquantaine d’autres films dont Superman et Highlander.

De cette carrière Nick Maley aujourd’hui retraité conserve principalement deux choses. D’abord une philosophie : il faut poursuivre ses rêves. Puis de nombreuses archives, d’où son envie de créer un musée.

Marin, il a longtemps navigué dans la Caraïbe avec sa femme Gloria, ancienne actrice.  Le couple fait escale quelque temps à Antigua avant de décider de poser ses valises à Sint Maarten en 2007.  Pour élire leur nouveau lieu de villégiature, ils ont d’abord un critère linguistique : « nous ne voulions pas avoir de difficulté à communiquer ». Mais surtout un critère économique : « il nous fallait trouver une île sur laquelle l’économie était suffisamment forte pour faire fonctionner un musée de 200m2 y compris en dehors de la saison touristique ».

Ils hésitent entre Porto Rico, Saint-Thomas et Sint Maarten et finissent par choisir la dernière. « J’aime la culture à Saint-Martin. J’aime le mélange de populations que l’on a ici. Il y a des Européens, des Américains, des Caribéens, des Indiens, des Chinois… Nous sommes tous mélangés. Et parce que c’est si divers, les gens doivent essayer de s’adapter les uns aux autres » considère Nick Maley qui reconnaît avoir également été séduit par la gastronomie en partie française. « Le côté hollandais était suffisamment commercial pour créer notre musée. Et le côté français suffisamment paisible pour se sentir dans la Caraïbe. Donc c’était un compromis » ajoute-t-il en précisant vivre sur la plage côté français.

Lors de son séjour à Antigua, Nick Maley qui s’est mis à la peinture de paysages a l’opportunité de vendre ses toiles aux touristes en les exposant dans le lobby d’un hôtel renommé. Il développe parallèlement de bonnes relations avec le personnel des bateaux de croisière qui le recommandent à leurs clients. C’est à cette époque qu’il devient « that Yoda guy », paraphrase employée par les habitants d’Antigua auxquels les touristes demandaient des indications pour le trouver.

Le couple espère conserver cette relation une fois qu’il aura emménagé à Sint Maarten où le musée prend forme progressivement. « Nous avons commencé par louer un petit local pour tester l’ambiance et l’environnement » se souvient Nick Maley. Puis ils louent l’actuel local de 200m2 sur Front Street. « Au début nous n’en occupions que la moitié aménagée en boutique et galerie, pour être sûrs de pouvoir payer le loyer » ajoute-t-il.

Petit à petit, Nick et Gloria développent ensuite la seconde partie. Il commence par exposer ses propres objets puis fait appel à ses amis pour des dons. « J’ai 300 amis qui ont fait les films les plus célèbres de ces trente dernières années donc je leur ai parfois demandé des faveurs » avance-t-il. Il récupère par exemple des moules originaux de créatures et les refait lui-même comme pour Tauntaun, le cheval chameau de Star Wars. Ou bien il réassemble les morceaux restants comme pour le bébé martien de Men in Black.

Aujourd’hui les visiteurs accèdent au musée par la boutique. Pages originales de script, figurines, toiles de Nick Maley sont proposés à la vente. De là on entre dans le vif du musée dont la pénombre rappelle celles des salles de cinéma. Il est découpé en petites pièces où sont exposés des moules de visage d’acteurs internationaux, des créatures de films célèbres ainsi que la reconstitution du premier Yoda, réalisée par Nick Maley lui-même.

« Ce n’est pas un musée sur Star Wars mais sur les films, avec un focus sur les créatures à effets spéciaux parce que c’est dans ce domaine que mes amis et moi avons de l’expérience » avance Nick Maley. Si la plupart des musées sur le cinéma mettent l’accent sur les personnages, lui a préféré mettre en avant « les personnes qui ont créé les personnages ».  

Au-delà de cet hommage aux métiers du cinéma, Nick Maley a une autre ambition : « pourquoi est-ce que je gère un musée non lucratif ? Pour encourager les jeunes à poursuivre leurs rêves. A la fin de l’exposition une vidéo leur est dédiée dans laquelle je leur dis de faire ce qu’ils veulent et pas ce que la société leur dit de faire. Moi c’est comme ça que j’ai vécu ma vie et je ne m’en suis pas trop mal sorti ».

« Il faut regarder ce que l’on a que les autres n’ont pas et miser là-dessus pour se démarquer » avance-t-il. Lorsqu’il s’exprime, Nick Maley multiplie les aphorismes comme si avec le temps il avait fini par fusionner avec sa créature Yoda - sans toutefois inverser l’ordre des mots.

Des leçons de vie qu’il énumère dans un livre intitulé The Do or Do Not Outlook: 70 Steps to Achieving Your Dreams, publié en 2017. « Je n’avais pas l’intention d’avoir de philosophie, mais les gens n'arrêtaient pas de venir me poser ces questions. Je me suis rendu compte que j’en avais une, et c’est de quoi parle mon petit livre de grandes idées. C’est un manuel pour faire en sorte chaque jour de continuer à poursuivre ses rêves » explique Nick Maley.  

Bien que retraité, il est toujours en train de travailler, de réparer, créer ou rénover des pièces de son musée. Si bien qu’il n’a pas eu le temps de se remettre à la peinture depuis son arrivée sur l’île. « Quand j’aurais eu assez de temps pour revenir à la peinture, j’ai décidé de recréer Yoda exactement comme il l’était dans L’Empire contre attaque parce que j’ai commencé à participer à des conventions (de fans, ndlr) et j’ai réalisé qu’il n’y a avait pas grand monde d’autre que moi capable de le faire. Si on veut qu’il soit authentique il faut le faire avec les mêmes techniques et matériaux qu’à l’époque ». Non seulement pour montrer la modernité de la conception pour l’époque, ainsi que la façon dont on pouvait le faire se mouvoir, mais aussi pour le montrer aux enfants malades dans les hôpitaux.

Fanny Fontan