21.02.2019

Se préparer pour le carnaval : une affaire de famille

Les membres de la troupe de Grand Case se réunissent tous les jours pour confectionner leurs costumes et préparer leur chorégraphie.

Comme tous les après-midi depuis le mois de janvier, une dizaine de membres de Bacchanal Storm s’active dans une cour à La Savane pour confectionner les costumes de toute la troupe. « On fait les déguisements pour tout le monde cette année. Sinon c’est la pagaille » explique Anouska, assignée aux finitions avec sa jumelle Anesta et leur cousine Uliska.

Ici, préparer le carnaval est une affaire de famille. « Nous sommes tous plus ou moins de la même famille et la majorité d’entre nous est de Grand Case, que nous essayons de représenter » expliquent les filles. Créée en 2017 pour succéder au groupe Grand Case Cultural Association, Bacchanal Storm s’apprête à participer pour la troisième fois au carnaval de Saint-Martin. « Mon plus grand objectif est de faire perdurer l’identité caribéenne » avance Romaric Benjamin, fondateur et président de l’association The Friendly Island Production dont dépend Bacchanal Storm.

L’une des particularités de la troupe est de confectionner ses costumes elle-même. Et ce, pour que le maximum de personnes puisse participer au défilé. Faire fabriquer son costume par un professionnel coûte minimum 350 euros par personne. « Là nous avons fait des packs pour que selon les sections, cela varie entre 100 et 425 euros par personne » poursuit le président.

Pour chaque carnaval, la troupe commence ses préparatifs en choisissant un thème puis les différentes sections. Cette année il s’agit de « Reign of the seas » (le règne des mers) avec pour sections Octopeda, Flying Fish, Jellyfish, Violet pour les femmes et Lion Fish et Flounder Fish pour les hommes. Il faut ensuite se mettre d’accord sur les couleurs et sur ce qui sera représenté. « On commande les premières plumes puis on confectionne le premier costume que l’on va dévoiler au public » décrit Romaric Benjamin. « Cette année nous l’avons montré le 5 janvier au Hidden Bar à Grand Case » précise sa cousine Anouska.

Si aujourd’hui les membres qui confectionnent les quelque quatre-vingt costumes font preuve d’une certaine expertise, ils sont partis de rien. Romaric Benjamin a fait ses propres recherches puis a passé quelques heures avec Alberto Brooks, le seul professionnel de l’île à fabriquer les costumes de carnaval. « Il m’a appris à souder les armatures et pour le reste nous nous sommes débrouillés seuls » affirme le président qui confie avoir développé une véritable passion pour cet art. « Quand on compare au travail de Belto qui fait ça depuis quarante ans, nos costumes ne sont pas forcément les plus beaux. Mais nous avons la fierté de les avoir faits nous-mêmes » assure-t-il.

Au fond de la cour, au milieu des poules, il se sert de ce qu’il a à portée de main pour incurver les tiges métalliques afin que leur forme soit fidèle au patron qu’il a préalablement dessiné, puis les soude pour les assembler. Il est en charge des Backpieces (les structures que les carnavaliers portent sur le dos). Il les confie ensuite à Eddy, chargé de recouvrir ces structures de tissu ou de papier. Arrivent alors Naïsha et Kawaner qui ajoutent délicatement les plumes. Puis Anesta, Anouska et Uliska s’occupent des détails, des strass et paillettes qui font les finitions. La parade est dans à peine un peu plus d’une semaine et les filles pensent déjà aux nuits blanches qui la précéderont : « la plus grande difficulté de tout ce travail, c’est le temps ».

D’autant plus que les costumes ne font pas tout. La troupe de Grand Case mise aussi beaucoup sur la chorégraphie pour laquelle les entraînements commencent à s'accélérer. « Nous sommes les fiers gagnants de l’épreuve de chorégraphie depuis notre première participation » rappelle le président. Egalement danseur et chorégraphe, il est à 32 ans le plus jeune meneur de troupe de Saint-Martin et annonce en souriant : « cette année ce ne sera pas différent ». 

Fanny Fontan