04.10.2018

Comment l’écosite traite les déchets d’Irma

En partie française, les déchets sont triés à l’écosite qui a reçu en 2017 deux fois et demie son volume annuel. Il a donc fallu se réorganiser.

Alors que l’écosite est conçu pour traiter environ 35 000 tonnes de déchets par an, il en a reçu 85 240 en 2017 et déjà 33 220 tonnes entre janvier et juin 2018.

Verde Sxm qui gère l’éco site, estime le supplément par rapport à une année normale  (comprenant cependant le "cyclonage", nettoyage ravines) à 43 500 tonnes pour 2017 et 12400 pour l’instant en 2018.

« Depuis Irma, nous avons des volumes beaucoup plus importants, en particulier avec toutes les tôles. Un peu après le passage du cyclone on avait des tas monstrueux en bas. D’autres continuent d’arriver. On a été obligé de faire venir une installation complète de chez un partenaire en Guadeloupe (SNR) qui nous loue l’installation » explique Patrick Villemin, le président de Verde Sxm. « On a dû demander une autorisation spéciale, parce que notre autorisation préfectorale d’exploiter le site ne nous permet pas d’avoir une machine aussi importante (un broyeur de 950 chevaux). » ajoute-t-il.

C’est Ludwick Breton, dit Lulu, de SNR qui a la haute main sur le fonctionnement de toute cette chaîne de broyage et de tri. Il est arrivé sur l’île en novembre dernier mais n’a pu commencer véritablement le broyage que mi-juillet. La chaîne de broyage fonctionne donc depuis un peu plus de deux mois et a déjà broyé 300 tonnes de ferraille (tôles, VHU dépollués et démontés…). 

Entre temps, il a fallu tout préparer. Des mois de dur labeur dont Lulu se souvient bien : « en bas, près de la plage, au début d’Irma, tout était mélangé. Il a fallu trier et ça a pris un temps fou pour séparer la ferraille du bois, du plastique et de l’alu, puis les prébroyer, débarrasser les tas et les remonter. »  Il a aussi fallu créer une plateforme de terre sur le site pour entreposer les tonnes de déchets ainsi broyés.

Concrètement, Lulu place les tôles et carcasses de VHU dans le broyeur. Une fois que les déchets sont broyés en gros morceaux il reste de tout : de la ferraille, de l’aluminium, des bouts de bois encore qui traînent, diverses cochonneries… « Ici il y a un crible, comme une grosse passoire, qui fait que les morceaux les plus gros sont renvoyés sur le broyeur » détaille Patrick Villemin devant le broyeur. A côté, il montre une autre machine : « là, c’est ce qu’on appelle un tambour magnétique qui fait coller tout ce qui est ferraille avant de les envoyer là-bas, sur une table de tri sur laquelle on place deux piqueurs ».

 

« On va essayer de sauver tout ce qu’on peut : du cuivre, des réseaux électriques de voitures…Pour 30 voitures, on va retirer un sac de câbles » poursuit Ludwick Breton en soulevant le sac. « Même la terre est recyclée, puisqu’on enlève celle qui est coincée dans la ferraille ». Les déchets passent ensuite sur une autre partie de la machine qui fonctionne sur le principe du courant de Foucault : « un système en double aimant qui expulse le métal pour garder essentiellement l’aluminium que l’on vend séparément. Le reste : le déchet ultime, le résidu de broyage automobile (soit les 5% non recyclables) part en alvéoles. » ajoute Patrick Villemin.

A l’instar du reste de l’éco-site sur lequel s’affairent des dizaines d’hommes et de machines, la chaîne de broyage s’apparente à une fourmilière. Quatre employés permanents de la société et trois intérimaires y travaillent. L’un pour aider Lulu à tout coordonner et gérer les machines, l’autre qui tasse à l’aide d’une pelle mécanique, un autre avec une petite pelle pour nettoyer la plateforme et au fur et à mesure afin de la rendre accessible à tous les camions qui arrivent chargés de tôles, un autre qui va chercher les VHU en stock pour les passer au broyeur…

Une fois qu’ils atteindront les 4000 tonnes de ferraille broyée, ils chargeront des camions pour les transporter en bateau par le port de Galisbay vers la France, la Belgique ou l’Espagne, où elles seront valorisées.

S’ils commencent à entrevoir le bout du tunnel, et sont heureux de constater du haut de la montagne de déchets, que les tas de ferrailles du bord de plage ont bien réduit, ils ne peuvent pas encore estimer dans combien de temps ils auront fini de trier les déchets d’Irma. Le long du chemin qui mène à l’éco site sont encore entreposés des dizaines de VHU, qui s’ajoutent à ceux stockés sur le site et aux tas de tôles. « Pour tout ce qui est tôles et VHU, on pensait y voir plus clair à la fin de l’année. Mais ce qu’on ne connaît pas du tout, et là on navigue au jour le jour, c’est ce qui va arriver. On pensait que le volume des arrivées aurait diminué dès juillet, mais ça commence juste ce mois-ci. Et il reste encore beaucoup de déchets sur l’île » avance Patrick Villemin.

Fanny Fontan
2 commentaires

Commentaires

C'est sûr que çà coûte plus cher que de bruler les déchets !!!

bravo à l'équipe de Verde Sxm pour le super boulot qu'ils font !
dommage que le côté hollandais ne suivent pas leur exemple !