28.06.2019

PPRN : à Quartier d’Orléans on met en valeur l'expérience et le savoir saint-martinois

La dernière réunion publique sur le PPRN organisée par la préfecture dans les quartiers, s’est déroulée à Quartier d’Orléans en présence d’une cinquantaine de personnes.

«En regardant la carte de la Baie orientale, un investisseur va voir cette zone orange et comprendre que le risque y est plus faible qu’en zone rouge. Du coup il va investir ici pensant que le risque est plus faible. Or il y a eu, comme vous [services de la Deal] l’avez dit, plus de deux mètres d’eau. Le risque y est donc aussi élevé», a répété à plusieurs reprises un Saint-Martinois lors de la réunion publique sur le PPRN à Quartier d’Orléans.

Comme à Concordia, Sandy Ground et Grand Case, les habitants de Quartier ne comprennent pas pourquoi les contraintes de la construction (indiquées par les couleurs) sont définies selon les enjeux économiques alors que le PPRN est un document «pour présenter le risque et protéger les populations», ont-ils souligné en reprenant les propos de la préfète.

«Le PRRN croise l’aléa et l’enjeu économique», a expliqué le responsable de la Deal. Sans convaincre. «Les intérêts de ceux qui ont de grandes capacités financières sont donc supérieurs à ceux de la population qui n’a pas de capacité financière», en a conclu un autre Saint-Martinois.

Autre élément que la population a du mal comprendre, les prescriptions. Si à Sandy Ground uniquement celle interdisant la reconstruction en zone rouge foncé a été abordée, à Quartier d’Orléans, les riverains se font focalisés sur celle prévoyant «le déplacement des lieux de sommeil à l’étage», du moins au dessus de la cote de référence, soit du niveau d’eau relevé après Irma. «Pendant un cyclone, on ne va pas à l’étage. On va au rez-de-chaussée se réfugier car à l’étage il y a le risque que le toit s’envole», explique une Saint-Martinoise aux représentants de l’Etat, précisant qu’elle a connu son premier cyclone à l’âge de cinq ans et qu’elle en a aujourd’hui une cinquantaine. Nombreux ont été ceux à vouloir faire admettre à la Deal et à la préfète que «les Saint-Martinois savent se protéger. Ils vont au rez-de-chaussée se réfugier et s’il y a un risque de submersion ils vont chez des amis ou de la famille». Les plus âgés ont raconté leur expérience durant plusieurs cyclones essayant ainsi de montrer leur capacité à se protéger. «La carte ne doit pas être celle des risques mais celle des consciences individuelles», convient l’un d’eux.

Les habitants ont également insisté sur la solidité de leurs maisons. «Les maisons que les Saint-Martinois ont construites n’ont pas été détruites contrairement aux bâtiments que les métropolitains ont construits », a souligné l’un d’eux. Et la préfète de répondre : «si vous regarder Grand Case, il y a quand même des maisons qui ont été très endommagées».

Enfin, une nouvelle fois, la population a exprimé son regret de ne pas avoir été consultée dans la révision du PPRN, soit dans un document qui la concerne. «Ce sont nos vies dont vous parlez», a précisé une femme. Elle aurait aimé apporter son expérience et son savoir sur le territoire. «La connaissance ne se traduit pas uniquement dans les diplômes», a commenté un Saint-Martinois.

Estelle Gasnet
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